18ème dimanche du temps ordinaire
Abbé Jean Compazieu | 26 juillet 2009Lectures bibliques : Lire
C’est beau de voir toute cette foule aller à la recherche du Seigneur. C’était déjà l’attitude de ses trois premiers disciples au début de son ministère, puis celle de Marie-Madeleine au matin de Pâques devant le tombeau. Cela doit être aussi notre démarche à chacun. Chercher Dieu c’est bien le but profond de notre vie. C’est pour cela que nous nous rassemblons à l’église le dimanche. Nous n’aurons jamais fini de chercher le Seigneur.
Cet appel retentit constamment tout au long de la Bible : “Recherchez sans cesse la face du Seigneur (Psaume 104). Mettez tout votre cœur à la recherche du Seigneur (1 chroniques 22. 19). “Dieu, tu es mon Dieu, je te cherche dès l’aube ; mon âme a soif de toi” (psaume 62,2. Nous sommes tous invités à chercher inlassablement le Seigneur. Et quand nous pensons l’avoir trouvé, il nous faudra continuer à le chercher car il sera toujours bien au-delà de l’image que nous nous faisons de lui et de tout ce que nous pouvons en dire.
Ce qui est encore plus merveilleux, c’est la démarche de Dieu lui-même. Son amour nous précède. Il ne cesse de faire le premier pas vers nous. Au paradis terrestre, il cherche l’homme qui a péché. Et tout l’évangile nous dit que Jésus est venu pour chercher les brebis perdues et les sauver. Aujourd’hui encore, nous rencontrons des gens qui cherchent et se posent beaucoup de questions sur Dieu, sur la foi, l’Eglise. Et nous-mêmes, nous ne savons pas toujours où nous en sommes. L’important c’est de ne pas s’installer dans le doute mais de continuer à chercher le Seigneur en nous mettant activement à l’écoute de sa parole. Prions-le pour qu’il mette sur notre route les personnes qui nous aideront à le trouver.
Les foules dont parle l’évangile ont retrouvé Jésus sur l’autre rive. Il faut toujours passer sur l’autre rive pour le rencontrer. La foule a fait ce passage en traversant matériellement le lac. Mais elle n’a pas fait le vrai passage, celui de la foi. Jésus le lui fait remarquer ; il lui indique la véritable rive où il l’attend : “Vous me cherchez parce que vous avez mangé du pain ; n’en restez pas là. Le vrai pain n’est pas celui que vous avez mangé hier. Ce n’est pas non plus la manne que vos pères ont mangée dans le désert au temps de Moïse. Le seul vrai pain c’est moi… Je suis le pain du ciel, celui qui donne la vie. Celui qui vient à moi n’aura plus jamais faim. Celui qui croit en moi n’aura plus jamais soif…”
Voilà des paroles fortes qu’il nous faut prendre très au sérieux. Or il faut bien le reconnaître : nous sommes souvent loin de cet idéal. Cet évangile nous interpelle sur le sens que nous donnons à notre vie et à notre travail. Nous vivons dans une société qui met l’argent au premier rang ; il en faut toujours plus pour consommer plus. Et au bout du compte, nous ne sommes pas plus heureux. L’évangile de saint Jean vient nous rappeler que nous devons nous mettre à l’œuvre pour obtenir non pas cette nourriture périssable mais celle qui se garde en Vie Eternelle.
Mais pour en arriver là, nous devons faire un passage, passer du doute à la foi, sortir de nos certitudes et accueillir la nouveauté du message de l’évangile. Accomplir l’œuvre de Dieu c’est “croire” en celui qu’il a envoyé. Quand nous parlons de “croire”, ce n’est pas seulement se faire une idée ; c’est donner une réponse qui engage toute une vie. C’est ainsi que Jésus demande au jeune homme riche de vendre tout ce qu’il possède, de le donner aux pauvres et de le suivre. L’important n’est plus seulement d’obéir à des commandements, de lui donner toute notre confiance et d’être avec lui dans une relation de confiance et d’amour.
Comment ne pas penser à ceux et celles qui ont répondu généreusement à cet appel du Seigneur. Certains ont quitté une vie bien confortable pour accomplir l’œuvre de Dieu. Ils savent que cet engagement les conduira sur des chemins qu’ils n’avaient pas prévus. Mais c’est là qu’ils trouvent la vraie joie.
Aujourd’hui, nous prenons le temps de nous regarder en vérité. Reconnaissons les lieux de notre vie où nous ne laissons pas l’amour nous imprégner. L’œuvre de Dieu c’est croire en son amour et nous laisser aimer par lui. Le moyen privilégié pour entrer dans son intimité c’est de reconnaître en lui “le pain de la vie”. Mais pour cela, il nous faut sortir de notre rive terrestre purement humaine. Prions-le pour qu’il nous fasse passer vers l’autre rive, celle de la foi. Qu’il vienne nous aider à y demeurer.
D’après diverses sources
D’un Pain à l’Autre
Afin sans doute de ne pas allonger la lecture, la liturgie omet ( dommage !) l’épisode suivant du célèbre chapitre 6 de Jean commencé dimanche passé. Jésus a donné du pain à la foule mais, fuyant l’enthousiasme populaire, il s’est enfui dans la montagne. Les disciples, désemparés par l’absence de leur maître, décident de rentrer en barque à Capharnaüm: l’obscurité est tombée, un grand vent soulève les vagues quand, tout à coup, ils voient Jésus marcher sur la mer ! Panique ! Mais Jésus leur dit: “C’est Moi ! N’ayez pas peur !”. Peu après, ils touchent terre. Les gens, eux, sont demeurés sur place: le lendemain matin, ne voyant plus ni Jésus ni les disciples, ils retraversent eux aussi et, à Capharnaüm, ils retrouvent Jésus. Donc cette nuit marque une rupture : il s’agit de retrouver Jésus…le même…mais autre ! Qui le pourra ?…Un grand dialogue s’engage – essentiel !! ! -: en voici le début (évangile de ce jour):
– Rabbi, quand es-tu arrivé ici ?
– Amen, amen, je vous le dis: vous me cherchez non parce que vous avez vu des signes mais parce que vous avez mangé du pain et que tous vous avez été rassasiés.
Jésus n’est pas dupe: si les foules se pressent à sa rencontre, c’est parce qu’elles profitent de ses bienfaits: guérison des malades et distribution gratuite de nourriture! Remarquons que c’est l’unique fois des évangiles où Jésus a donné à manger ! Lorsque la foule en redemande, il coupe court nettement: il ne se laisse pas enfermer dans le rôle du médecin ni du bienfaiteur social – ce dans quoi le monde voudrait le confiner, lui et son Eglise ! Il a soigné et nourri mais il n’y a là que des SIGNES c.à.d. des actions valables mais qui renvoient à autre chose. En effet à quoi bon recouvrer la santé et jouir du pain gratuit si l’on ne change pas de vie, si l’on demeure égoïste, cupide et orgueilleux? Ne voyons-nous pas comment notre société nantie exacerbe l’individualisme et érode la foi ?….
Jésus renvoie les gens à leurs responsabilités: que fermiers et boulangers travaillent, que citoyens et autorités politiques veillent à la subsistance normale de chacun. Le Royaume de Dieu ne se réduit pas à des actions philanthropiques (pas plus qu’à des liturgies hypocrites) et l’Eglise n’est pas un organisme de sécurité sociale ni une institution scolaire ou humanitaire. Jésus poursuit :
Ne travaillez pas pour la nourriture qui se perd, mais pour la nourriture qui se garde jusque dans la Vie éternelle, celle que vous donnera le Fils de l’Homme, lui que Dieu le Père a marqué de son empreinte.
Certes le pain ordinaire est indispensable pour la vie du corps mais, si succulent soit-il, il pourrit et il n’empêchera jamais son consommateur de “se perdre” et de mourir.
Jésus tente d’orienter les cœurs à la recherche d’une autre nourriture: celle qui garde vraiment parce qu’elle donne la Vie éternelle c.à.d. la Vie divine. Les hommes sont impuissants à la fabriquer et à se la procurer: seul Jésus le peut, seul il pourra la donner. Parce qu’il est non seulement un homme mais “le Fils de l’homme que le Père a marqué de son sceau”.
Cette expression renvoie sans doute à la fameuse scène du rêve de Daniel quand le prophète vit “comme un fils d’homme qui approchait de Dieu et celui-ci lui donnait la souveraineté éternelle, une royauté qui ne sera jamais détruite” ( Daniel 7, 14) Dieu a donné à Jésus « l’Esprit sans mesure “(Jn 3, 34) tel un sceau qui a imprimé en lui la marque ineffable de la filiation divine.
Les gens : ” Que faut-il faire pour travailler aux œuvres de Dieu ?”
Jésus répond: ” L’œuvre de Dieu, c’est que vous croyiez en celui qu’il a envoyé”
Les gens, intrigués, demandent les conditions: « Que faire pour obtenir ce fameux pain ? que produire ? quelles œuvres Dieu exige-t-il de nous ? » Mais on n’achète pas la grâce à coup d’exploits ! Vous n’avez qu’une chose à faire, répond Jésus: CROIRE en moi, me faire confiance, m’écouter, obéir à ma parole, vous laisser conduire vers une découverte que vous ne soupçonnez pas. Car je suis l’initiateur du Règne de Dieu sur terre.
Devant cette exigence, la foule se cabre ! Ce Jésus serait l’Envoyé, le Messie attendu ? Il faut en ce cas qu’il en fournisse des preuves, par exemple réitérer le don du pain comme celui de la manne jadis.
Ils lui dirent: ” Quel signe vas-tu accomplir pour que nous puissions le voir et te croire ? Quelle œuvre vas-tu faire ?…Au désert nos pères ont mangé la manne: comme dit l’Ecriture ” Il leur a donné à manger le pain venu du ciel”.
La Bible raconte en effet que, dans le désert du Sinaï, les Hébreux subsistèrent grâce à une nourriture spéciale, la manne, imaginée comme un don tombant du ciel ( cf.1ère lecture) On sait qu’il s’agit en fait de “la sève d’un arbuste du désert qui suinte et se solidifie et peut servir de nourriture d’appoint” ( T.O.B.: note sur Exode 13, 15). Toutefois, à côté de la légende populaire, le livre du Deutéronome avait déjà fourni une interprétation plus spirituelle de cet épisode :
” Dieu t’éprouvait pour voir ce qu’il y avait dans ton cœur… Il t’a mis dans la pauvreté du désert, il t’a fait avoir faim et il t’a donné à manger la manne… pour te faire reconnaître que l’homme ne vit pas de pain seulement mais qu’il vit de toute parole qui sort de la bouche du Seigneur”
(Deutéronome 8, 2-5)
On avait donc compris le sens symbolique de la manne : puisqu’elle était un don de Dieu, imprévu, quotidien, fade et pauvre (toujours le même goût), mystérieux ( son nom était expliqué par l’hébreu “MAN-HU?” = Qu’est-ce que c’est ?), elle signifiait la Parole de Dieu.
Les Hébreux devaient reconnaître que Dieu, qui les avait fait sortir d’Egypte, ne les abandonnait pas, il les guidait de jour en jour, il les préservait des dangers. Ses Paroles étaient fiables, on ne devait pas douter de lui, on pouvait poursuivre la route en toute sécurité. La manne était la preuve que Dieu était fidèle: elle était le symbole de la Parole de Dieu, une Parole absolument sûre.
Car Dieu s’adresse chaque jour à son peuple : on ne comprend pas toujours ce qu’il dit, on doit questionner ( “Qu’est-ce que c’est ?”) et avancer avec assurance: si Dieu a libéré son peuple, c’est afin de le conduire à son but. Il importe d’écouter, de se laisser guider dans la pauvreté et la confiance absolues. C’est pourquoi, se basant sur cette interprétation – pour la dépasser infiniment – Jésus peut lancer solennellement à la foule:
Amen, amen, je vous le dis: ce n’est pas Moïse qui vous a donné le pain du ciel.
Le Pain de Dieu, c’est celui qui descend du ciel et qui donne la Vie au monde.
— Ils lui dirent: ” Seigneur, donne-nous de ce pain-là, toujours ! “.
Jésus leur répondit: ” MOI JE SUIS LE PAIN DE LA VIE.
Celui qui vient à moi n’aura plus jamais faim; celui qui croit en moi n’aura plus jamais soif”..
Ici retentit la révélation stupéfiante: Cette Parole de Dieu, dit Jésus, c’EST MOI ! Il faut m’écouter, m’approprier, me mettre en pratique, me laisser vous conduire, “me manger” c.à.d. vivre de ma parole, vivre de moi ! Car s’il y a des paroles qui tuent, il y a la Parole de Dieu qui est Vie, qui fait Vivre, qui conduit à la VIE. Et lorsqu’on “vient à Jésus”, c.à.d. quand on croit en lui, quand on l’écoute, quand on décide de pratiquer sa parole, alors l’homme, pèlerin de cette terre, est comblé. Le pain terrestre, comme la manne, ne nourrit que pour quelques heures et n’accorde qu’un sursis avant la mort tandis que celui qui mange la Parole de Dieu QUI EST JESUS, qui y croit au point de l’assimiler, de la “manger”, celui-là vit et vivra toujours !
———————————————————La suite, dimanche prochain, poursuivra cette révélation.
Que cherchons-nous ? Un Dieu à notre service, qui répond à nos appels et qui satisfait nos requêtes ?…Ou bien acceptons-nous de nous laisser retourner ? C’est nous qui devons servir Dieu. Que nous dit-il ? Comment nous dit-il qu’il faut vivre ?
La société de consommation qui entend assouvir tous nos besoins n’a-t-elle pas atrophié, éteint chez beaucoup, notre désir profond, notre désir de Dieu ? …Ai-je faim de savoir ce que Dieu attend de moi ?…Suis-je à l’écoute attentive de la Parole qui, seule, me conduit à l’accomplissement de mon existence ?…
R. D… , dominicain
Des idées pour une liturgie avec les enfants : Lire ici
***Nous sommes rassasiés pour toujours****: Nous avons faim de vivre, nous avons soif d’aimer. Seul Jésus peut nous combler et nous rassasier.
« Amen, amen, je vous le dis : ce n’est pas Moïse qui vous a donné le pain venu du ciel ; c’est mon Père qui vous donne le vrai pain venu du ciel. Le pain de Dieu, c’est celui qui descend du ciel et qui donne la vie au monde. »
Quand les contemporains de Jésus ont entendu parler du pain qui donne la vie, ils ont demandé à Jésus de le leur en donner pour toujours. Quand j’entends parler de l’Eucharistie, puisque j’ y crois, je demande à Dieu une foi profonde en ce grand sacrement. Oui je voudrais aussi de ce pain de vie pour toujours !! La grande -la Bonne – Nouvelle est que l’ai dans l’Eucharistie. Je suis heureuse de mettre ma foi dans les paroles de Jésus quand il dit, ” Celui qui vient à moi n’aura plus jamais faim ; celui qui croit en moi n’aura plus jamais soif.” Oui, c’est vrai. Depuis l’époque où Jésus lui-même a prononcé ces paroles, il est resté avec moi, avec nous dans l’Eucharistie. Quel trésor nous avons comme catholiques !!!! Nous avons le trésor que tout le monde recherche ! C’est à la fois un don et une responsabilité. Jésus m’ appelle à croire avec une foi vivante, et à donner témoignage à la vérité que j’ai reçue.!
Ce pain de vie, quand nous le recevons, nous transforme en Lui, Jésus. C’est ce pain de vie qui nous rend vraiment vivants. Gloire à Dieu!!!
***. Quel signe vas-tu accomplir ?**** “signe”de l’Amour donné:
Le Concile Vatican II nous rappelle, “l’Eucharistie contient la richesse spirituelle de l’Eglise toute entière : Le Christ lui-même, notre pâque et notre pain vivant.” oui Jésus m’ invite à le reconnaître dans la “fraction du pain” et ce passage d’évangile est une invitation à renouveler ma foi en sa présence réelle, ma foi qui a “sans cesse” besoin d’être nourrie.
Dans le pain rompu pour nous, Dieu notre Père, nous reconnaissons celui de qui nous vient la vie. Qu’il demeure notre force chaque jour et nous garde unis à toi, maintenant et pour les siècles des siècles. Gloire à Dieu!!!!
***Gloire à notre Dieu:
Il est bon de te louer, Seigneur, car tu fais des merveilles. Aux murmures de ton peuple tu réponds par le don du pain, à chacun et chaque jour, don qui témoigne que tu es un Dieu proche, compatissant et miséricordieux.
***Gloire à notre Dieu
Merveille plus grande encore : tu as envoyé sur la terre ton propre Fils, le véritable pain du ciel qui donne vie. C’est lui la nourriture qui, à la fois, nous comble et relance notre désir de Toi. Il s’offre encore et toujours pour être notre force et nous guider sur les chemins qui, à travers bien des déserts, mènent à la résurrection.
***Gloire à notre Dieu
Nous te louons, nous te bénissons, ô Dieu vivant, notre Père, tu veux que le Christ délivre les hommes de la mort et tu les confies à sa Parole toute puissante.
Merci pour les homélies qui me sont très utiles dans mes recherches et travaux en tant que futur diacre permanent.
Personnellement, je cherche Dieu partout et n’importe quand : je tâche d’avoir en effet un coeur à coeur le plus souvent possible avec Lui. Durant toute la journée, pendant toutes mes activités, il ne se passe pas un grand moment avant que je l’interroge : “Seigneur, aide-moi”, “Seigneur, je pense à toi.” Et toujours, je suis réconfortée.
Heureusement, à chaque fois que je cherche Dieu, je le trouve. Vraiment. Car il attend bien au chaud au fond de mon coeur que j’aie besoin de lui. Plusieurs fois par jour, je reçois ses bienveillantes grâces. Elles ne sont pas extraordinaires, mais elles aident à vivre.
Bien sûr, j’ai quelques doutes au sujet de ma religion, mais en fait, je ne les juge pas aussi importants que cela. Ils ne nuisent pas à ma foi.
Je suis atterrée en voyant combien l’argent mène le monde. Je crois que je me contente d’assez peu, car je partage beaucoup. Mon fils par contre, est souvent en débit sur son compte bancaire, car il ne résiste pas aux sirènes de la consommation.
Maintenant, Seigneur, je te supplie de m’aider à marcher sur la bonne rive, et d’y demeurer.
BONNES VACANCES A TOUS !!
Christiane
La Parole de Dieu, en ce dimanche, est un appel large et profond à ouvrir nos cœurs à l’Eucharistie.
La première lecture de l’Exode présente une récrimination du peuple d’Israël. Après sa traversée glorieuse de la mer rouge, sous la direction de Moïse et Aaron, il se trouve libéré de l’esclavage « au pays d’Egypte ». Il est maintenant au désert. Loin de faire confiance et témoigner son amour au Dieu qui a pris soin de lui, de connaître la liberté, il ne pense qu’aux nourritures terrestres des égyptiens.
Dieu, « moi, le Seigneur, je suis votre Dieu ». « Je vais faire pleuvoir du pain ». Ainsi sera nourri le peuple tout au cours de son trajet pour atteindre la terre promise. Un vol de cailles lui donnera la viande désirée. Le pain va se présenter toutefois d’une façon spéciale auquel on donne le nom de « manne »
A son sujet le Psaume 77 parle de « froment du ciel », de « pain des Forts ». Le Seigneur « les pourvoit de vivres à satiété ».
Avec l’Evangile (Jean 6, 24-35) Jésus éclaire cet épisode du peuple hébreux. Il vient d’accomplir un miracle en nourrissant, à partir du don d’un jeune de deux pains et cinq poissons, une importante foule qui a faim. Il a échappé à ces gens qui voudraient faire de lui leur roi, au sens politique du moment. Il a renvoyé ses apôtres, leur demandant de traverser le lac en direction de Capharnaüm, les rejoignant lui-même en marchant sur les flots.
Comme le montre alors l’Evangile, les gens de la foule, eux aussi, retrouvent Jésus et les apôtres, ne comprenant pas comment Jésus est arrivé auprès de ses disciples. Ils l’interrogent à ce sujet.
Jésus leur donne alors la clef d’une utile compréhension : « Vous me cherchez, non parce que vous avez vu des signes, mais parce que vous avez mangé du pain et que vous avez été rassasiés ». Nous pouvons penser à l’épisode de notre première lecture.
Les signes ? C’est qu’il est venu « pour la nourriture qui se garde jusque dans la vie éternelle ». Devant les auditeurs, qui réclament des signes à leur convenance, Jésus s’annonce comme « le vrai pain venu du ciel ». « Moi, je suis le pain de la vie. Celui qui vient à moi n’aura plus jamais faim ; celui qui croit en moi n’aura plus jamais soif ».
Comprenons ! Jésus est celui qui peut conduire à la vie éternelle. La réponse se continuera par le don de sa vie et sa mort sur la croix, par sa résurrection, mais encore, avec son Eglise, dans la production du sacrement de l’Eucharistie où il se donne en vérité. Sans peur, donnons-lui notre foi !
St Paul (2ème lecture) développe la conduite de vie à adopter dans une foi au Christ vivant, ressuscité. Elle ne peut être semblable à celle « des païens qui se laissent guider par le néant de leur pensée ». Ne plus être « l’homme ancien … corrompu par ses désirs trompeurs ». Il nous demande de nous « laisser guider intérieurement par un esprit renouvelé » … « à l’image de Dieu ». Rappelons qu’il est Dieu Amour et qu’en Jésus il témoigne du véritable amour dont nous nourrit l’Eucharistie.
Dès aujourd’hui et durant les trois autres dimanches de ce mois d’août, la liturgie découpe en quatre parts le discours dit « du Pain de Vie », qui est un long enseignement sur l’eucharistie. Nous venons d’entendre dans l’évangile que les auditeurs de Jésus n’ont guère compris le signe du partage des poissons et du pain. A la foule qui le harcèle, Jésus répond par une mise au point. Il n’est pas un faiseur de miracles. Le considérer Jésus comme un leader social ou politique, c’est à coup sûr passer à côté de son mystère. Malgré plus de 2000 ans de christianisme, nous sommes toujours plus ou moins là, un peu comme cette foule qui préférait manger un barbecue à l’œil plutôt qu’écouter un enseignement, recevoir quelque chose plutôt que rencontrer quelqu’un, avoir plutôt qu’être. Les hommes le plus souvent veulent des preuves irréfutables, des certitudes apaisantes, des faits merveilleux, des miracles ou des apparitions.
Pour légitimer leur demande, les interlocuteurs de Jésus lui rappellent l’épisode de la manne dans le désert. La tradition rabbinique rapportait en effet que dans les temps messianiques, le miracle de la manne se reproduirait chaque jour. Aussi sollicitent-ils de Jésus le « signe » du renouvellement quotidien du prodige qu’il vient d’accomplir, pour accréditer qu’il est plus grand que Moïse. La revendication de la foule en reste donc au niveau d’un pain terrestre.
Même à nous, qui sommes disciples de Jésus Christ, il arrive aussi, consciemment ou non, d’attendre des miracles, de solliciter des preuves : Pourquoi ne guérit-il pas cette jeune maman malade ? Pourquoi ne fait-il pas pleuvoir du pain sur les régions affamées ?
Mais Jésus cherche à nous conduire sur un tout autre plan : celui de l’attachement total, inconditionnel à Dieu ; croire en lui en lui faisant radicalement confiance. C’est lui qui est la véritable nourriture pour la vie éternelle. Et il ne donne d’autre preuve que lui-même. Il est Parole de Dieu : « Ma nourriture, c’est de faire la volonté de mon Père. » Moïse connaissait déjà le sens spirituel de cette nourriture, dont la manne n’était que le signe, lorsqu’il disait : « Dieu vous a donné à manger la manne, il voulait vous apprendre ainsi que l’homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche du Seigneur » (Deutéronome 8,3). « Je suis cette Parole, je suis cette Nourriture », dit Jésus.
Ce qu’il nous donne, c’est la Parole de Dieu qui fait vivre, qui peut opérer en nous une transformation. Le pain qui apaise la faim et la soif est d’abord parole reçue dans la foi et vécue dans l’amour. Comme l’écrit Paul : cette nourriture spirituelle permet au chrétien de « se défaire de sa conduite d’autrefois, de l’homme ancien qui est en lui, et de se laisser guider intérieurement par un esprit renouvelé, afin d’adopter le comportement de l’homme nouveau, créé saint et juste dans la vérité, à l’image de Dieu » (Ephésiens 4). Ainsi travaillerons nous pur faire « fructifier en nous l’œuvre de Dieu. » Alors, à cause de cet Esprit, serons-nous capables de nous soucier de nos frères et sœurs en humanité, de leur partager nos pains et nos poissons.
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